Contraction de l'anglais FREELANCE et de l'allemand ARBEITER, le terme Freeter
(フリーター) désigne les jeunes de 15 à 34 ans ayant un travail irrégulier, à temps partiel ou un travail temporaire (intérim).
Apparu dans un magazine publicitaire japonais à la fin des années 80, le terme est devenu très populaire dans les années 90, crise économique et restructurations industrielles oblige. Les freeters ont été officiellement recensés pour la première fois en 2000 par le Ministère du Travail. De 500 000 en 1982, ils étaient 2.130.000 en 2004 (source: White Paper on Labor & employement).
Actuellement, 1 jeune sur 9 est un freeter.
Toutefois si les années 90 ont été les années « Freeters » et du travail à temps partiel des jeunes, les années 2000 sont celles des « NEET », phénomène de société qui fait la Une des médias au Japon depuis 2004.
Qu'est-ce que les NEET ?
Contraction du terme anglais Not in Education, Employment nor Training (NEET), cette expression désigne les jeunes de 15-34 ans, célibataires, qui vivent chez leurs parents, ne
travaillent pas et ne recherchent pas d’emploi (contrairement aux
Freeters).
Ils seraient 847.000 en 2004 et représenteraient 2,5% des 34 Millions de jeunes entre 15 et 34 ans.
Dans son dernier ouvrage intitulé "ニート。フリーターではなく失業者でもない", et paru en 2005, le chercheur Yuji Genda insiste sur le fait que les NEET ne sont ni des freeters, ni des jeunes au chômage mais des "adulescents" déboussolés, en manque de repères, dont le refus ou l'incapacité de travailler sont une forme de rébellion contre une société élitiste et ultra compétitive.

Comme l'a souligné le chercheur Yuji Genda dans son article "The NEET problem in Japan" (publié dans Social Science Japan september 2005), les médias japonais ont véhiculé une image très négative et caricaturée de ces jeunes qualifiés selon eux de "fainéants", d'"enfants gâtés", "parasite singles", "sans aucune volonté de travailler". Or si c'est vrai pour certains, cela n'est pas le cas pour la majorité.
Les médias nippons, plutôt conservateurs, ont souvent omis de parler du problème social structurel causé par la restructuration industrielle et
le dysfonctionnement du système tripartite ECOLE-FAMILLE-ENTREPRISE, préférant incriminer les jeunes d'aujourd'hui.
Alors que la précarité des jeunes est aussi le fait de la majorité des
pays occidentaux, le Japon semble être le seul pays à montrer autant du
doigt les NEET et à vouloir les remettre sur le «
droit chemin".
Le système ECOLE-FAMILLE-ENTREPRISE des années de pleine croissance...
Ce système correspond au schéma général de la période adolescente d’après-Guerre, (années 60/70 de pleine croissance tirée par l’industrie lourde et chimique) pendant lesquelles les jeunes étaient pris en charge exclusivement par leur famille (répondant ainsi à la forte tradition confucianiste selon laquelle cette dernière se doit de protéger ses enfants), jusqu'à leur sortie de l'école, où les entreprises prenaient alors le relais en les embauchant en CDI leur garantissant ainsi leur indépendance financière.
...en dysfonctionnement
Avec la crise économique et les restructurations industrielles, les entreprises ont cessé de jouer le jeu auprès des écoles et de jeunes, mettant un terme à leurs embauches, tandis que la famille a continué de jouer son rôle de protecteur sans aucune AIDES gouvernementales.
Cette médiatisation négative des NEET et des Freeters a incité les
pouvoirs publics à prendre toute une série de mesures visant à les
responsabiliser, au détriment des mesures incitatives d’embauche auprès des entreprises.
Mesures visant les jeunes
o 2003: Le Premier Ministre Junichiro Koizumi lance le « Plan pour encourager l’esprit d’indépendance et de défi auprès des jeunes » (若者自立挑戦プラン) qui fait l’objet d’une Loi entrée en vigueur.
o 2004: ce plan est encadré par un Conseil spécial comprenant les ministres de 4 ministères importants: Education, Bureau du PM, METI, Santé, Travail et Affaires Sociales (Kôseirôdôshô)
o 2006: le Ministère de l’Education (文部科学省) doit renforcer ce plan avec un budget de 144 億円, soit 14,4 Mds de yens, avec notament:
• Initiation au monde du travail et mise en place de la キャリア スタット ウイーク (10,8 Mds yens)
• Soutien aux mesures d’aides visant les NEET et mesures prises pour leur redonner le goût d’apprendre (学び直し), les aider à trouver leur voie
(rôle de l'ONG Careernavi)
• Promotion de la solidarité écoles-entreprises (産学連帯)
Limites des mesures prises
Toutefois ces mesures connaissent des limites quantitatives (manque de personnel) et qualitatives. Le Plan ne s’adresse pas aux plus démunis ou ceux totalement exclus de la société mais aux plus actifs et entreprenants.